Les traumatismes et la mémoire corporelle : un lien indélébile

Chaque expérience vécue, surtout les plus douloureuses, laisse une empreinte profonde non seulement dans notre esprit, mais aussi dans notre corps. La psychanalyse corporelle, méthode que je pratique et enseigne, permet de revivre par la mémoire du corps les événements-clés de notre enfance et de notre vie. Ce lien entre mémoire corporelle et traumatismes est aujourd’hui reconnu par les neurosciences et les approches thérapeutiques modernes.

La mémoire corporelle : un témoin silencieux Le corps est un lieu de mémoire à part entière. Chaque traumatisme, qu’il soit physique ou émotionnel, s’y grave de manière inégale selon la nature de l’événement, la période de la vie où il survient. Les fascias, par exemple, ont une propriété de contraction qui varie en fonction des pressions subies, influençant notre système musculo-squelettique et notre proprioception. Les traumatismes psychologiques, souvent appelés « mémoire émotionnelle » du corps, y laissent des traces durables, parfois à l’origine de symptômes algiques ou de blocages émotionnels.

Les mécanismes du traumatisme et de la mémoire corporelle Quand un traumatisme survient, le corps réagit par des mécanismes de survie : fuite, lutte ou sidération. Ces réactions, si elles ne sont pas intégrées, peuvent se réactiver des années plus tard, sous forme de sensations douloureuses, d’oppression, de froid, ou de nœuds dans le ventre. La mémoire corporelle, contrairement à la mémoire consciente, ne s’efface pas avec le temps. Elle peut même influencer notre comportement, nos relations et notre santé physique.

La psychanalyse corporelle : une voie de libération La psychanalyse corporelle, telle que je la pratique, repose sur l’écoute des ressentis physiques et l’analyse des mouvements du corps. Elle permet de revivre corporellement les scènes traumatiques, enfouies dans l’inconscient, et de les intégrer pour s’en libérer. En accompagnant les mouvements du corps, le psychanalyste corporel aide à reformer le scénario cohérent de notre histoire oubliée, favorisant une réconciliation profonde avec soi-même et ses proches.

Les apports des neurosciences Les études récentes en neurosciences confirment que les thérapies corporelles, en restaurant une présence corporelle, permettent de stabiliser le psychisme. Des techniques comme l’EMDR ou l’orthokinésie montrent que le travail sur le corps peut diminuer l’hyperactivité de l’amygdale et favoriser une meilleure intégration des souvenirs traumatiques.

Conclusion Le corps n’oublie rien. En travaillant sur la mémoire corporelle, nous pouvons transformer nos traumatismes en force de vie, retrouver notre autonomie et notre liberté. La psychanalyse corporelle offre une voie pour accéder à ces mémoires enfouies et s’en libérer, pour vivre plus apaisé et conscient.